Pierre Poujol
Juillet 2015
LES CAHIERS #2 LE LOT Lire l'Article

Le Lot

Pour Christian Bernad, le Lot est un « sillon de vie » en même temps qu’un trait d’union. Pierre Poujol y voit «une sorte de dieu déchu dont, à notre insu, nous ne nous serions pas exonérés de l’antique grandeur». Quand on regarde la signification du mot Lot, on se rend compte que la dimension mythique n’est peut-être pas si lointaine puisque parmi les divers sens on peut relever celui de «Père des eaux»!
Quelles en sont les caractéristiques ?
Il s’agit de la deuxième rivière de France en longueur avec ses 485 kilomètres, dont environ 250 ont été canalisés afin d’apporter une amélioration à la navigation qui s’est officiellement interrompue en 1926. Son principal affluent, la Truyère atteint 170 kilomètres, tandis que le Célé, qui arrose Figeac, présente un cours de 100 kilomètres. C’est la seule rivière qui change de nom en cours de route : Olt depuis la naissance jusqu’à Entraygues et Lot à partir de cette belle cité qui était également son point de départ de la navigation.
590 communes, comptant plus de 370 000 habitants, se pressent sur ses bords, 5 départements (Lozère, Aveyron, Cantal, Lot et Lot-et-Garonne), 4 régions (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Auvergne et Aquitaine), 2 chefs-lieux de département (Mende et Cahors).

Le Lot apparaît bien ici comme un dieu, qualifié de “dieu grandiose”

Le Lot, c’est aussi plus de 70 écluses  dont quelques-unes sont souterraines : celles de Capdenac, de Montbrun et de Cajarc, où la rivière a été déviée vers un canal-tunnel qui évitait aux bateliers un parcours de plusieurs heures. D’autres travaux, très importants, ont été réalisés à Luzech, où on a réuni, par un canal, aujourd’hui remblayé, qui passait sur la place actuelle, les deux endroits où le Lot était le moins éloigné. On aurait ainsi gagné plus de six heures de navigation ! On peut rejoindre assez facilement la Baïze, profiter des cinq écluses qui fonctionnent automatiquement (avec une carte à puce, fournie gratuitement) : celle de Buzet, sur ladite Baïse, et celles d’Aiguillon, Clairac, Lustrac et des Ondes, sur le Lot.
Des travaux entrepris et réalisés, on peut citer encore le Canalet, petit canal de 10 mètres de large sur 1m20 de profondeur, qui évite le confluent obstrué par des bancs de sable, rendant le passage extrêmement dangereux. Le Canalet rejoint la Garonne par le port de Nicole depuis Aiguillon, c’est-à-dire sur quelques kilomètres
En 1856, 700 bateaux composaient la flotte du Lot ! C’était considérable. L’année suivante, 1857, le Lot réalise un trafic de 400 000 tonnes. (On est presque arrivé à une batellerie proche de celle des canaux du Nord et de l’Est (Ph. Delvit) ».
Un peu avant cette période la Société Riant Frères, d’Aubin, commandite 43 bateaux de grande taille pour faire la navette entre Girard (près de Fumel) et Decazeville, pour le transport du charbon nécessaire aux usines.
La plupart des bateaux du Lot, et une partie de ceux de la Garonne, vers Agen, étaient fabriqués à la Montagne (entre Livinhac et Entraygues), en raison de l’abondance des bois de chêne et de châtaigniers qu’on y trouvait en abondance. Avant la Révolution, il y avait jusqu’à 300 bateaux en construction sur ces quelques dizaines de kilomètres !

le Lot est un « sillon de vie » en même temps qu’un trait d’union

Le Lot est navigué depuis plus de 2 000 ans. Ce fait est attesté par l’archéologie. Il était sillonné par toutes sortes de bateaux jusqu’à ce que les gaulois amènent leur technologie, en inventant la nau. Il s’agit d’un bateau de 6 à 7 mètres, tout en chêne, châtaignier ou noyer, par conséquent très lourd et donc très stable sur l’eau, qui a donné, par agrandissement, tout en conservant les formes, la gabarre (12 m.), le macalet (14 – 15 m.). Les grands bateaux, ceux de plus de 20 mètres avaient une forme « vicieuse » et ne ressemblaient pas véritablement à la gabarre. Plus tard, après 1840, en raison des charges à transporter, près et plus de 100 tonnes, les bateaux devinrent plus grands  (jusqu’à 28 mètres).
Les hommes et même les femmes allaient à la navigation soit pour conduire les bateaux, soit pour les charger, les construire, les réparer, travailler sur la rivière … « tout le monde était à la navigation », écrit le curé de Livinhac dans le Livre de paroisse (vers 1830).
Le train arrive dans le Bassin houiller de Decazeville-Aubin en 1858. Encore quelques années et le transport fluvial va s’effondrer. Lorsqu’en 1926 la navigation est officiellement arrêtée, cela fait un bon moment déjà que la rivière est abandonnée.
Parodiant Quelqu’un, je dirais : le Lot délaissé, le Lot abandonné, le Lot souillé, mais le Lot retrouvé. Retrouvé grâce à quelques hommes, retrouvé grâce à un Président, retrouvé pour le bonheur de tous. C’est par eux, les Bernad, les Gauthier, les Pons, les Poncet, et surtout le Président Pompidou…et c’est pour le plus grand bien de toute la vallée, que, par leur action, elle est redevenue ce qu’elle n’aurait jamais dû cessé d’être, belle et aimée,  et la rivière propre et belle !

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